Il y a dix jours, c’était la fin de mon année sabbatique. J’ai donc repris un travail salarié après une année entière d’écriture et de voyage.
La conséquence la plus directe c’est que je dois à nouveau « créer du temps » pour l’écriture, sur mon jour off évidemment – puisque je reprends à 80% – mais aussi sur mes week-ends, mes soirées… c’est du temps qui vient pousser le reste, qui « prend la place de », et c’est sans doute ce que je trouve le plus dur. Parce qu’au fond, j’ai éprouvé une certaine joie à retrouver des collègues, à renouer avec le travail en équipe, à me plonger dans des nouveaux sujets, des nouveaux défis. Ce que je fais au bureau m’intéresse et j’y trouve du sens (là je vais travailler dans la sensibilisation et l’éducation au développement, à l’écologie). Mais l’écriture est maintenant une part trop centrale de ma vie, elle déborde les 20% de ma semaine qui lui sont alloués.
Et en même temps, pour en avoir parlé avec plein d’auteurs et d’autrices, je sais qu’arriver à trouver le bon équilibre est un vrai casse-tête. Je connais peu de gens qui vivent de leur plume sans faire à côté de nombreuses rencontres scolaires, avoir un travail alimentaire ou mettre leur plume au service de travaux de commande bien rémunérés mais qui ne les enthousiasment pas.
Je pensais qu’à la fin de mon année sabbatique, j’aurais les idées plus claires, que j’aurais un plan bien défini. Mais en réalité je continue à tester, à me questionner.
Peut-être que c’est comme apprendre à se tenir sur un vélo. On tombe à droite, on tombe à gauche, puis un moment à force de pédaler et sans trop savoir par quel miracle, on finit par se tenir sur le fil et avancer.
J’ai reçu aujourd’hui mon tout premier exemplaire de « Leina and the Lord of the Toadstools » dans sa version anglaise, la version « d’origine » si on veut, même si c’est compliqué pour ce livre de choisir entre les deux langues.
Il vient rejoindre le premier exemplaire en français reçu quelques jours plus tôt.
Avec Nicolas, on a d’abord écrit des brouillons d’histoire en français. On a tourné longtemps avant de trouver la fin. Pendant des mois, la deuxième moitié du livre nous échappait. Puis a un moment, quand le squelette de l’histoire était là, on a sauté dans l’anglais. Pas comme un exercice de traduction – ça, ça vient beaucoup plus tard – mais comme une suite du travail d’écriture. Une réécriture étrange mais libre, où on retourne le texte pour le regarder avec des yeux différents, où on coupe sans regret ce qui ne marche pas, où on change des pans de l’histoire, où on s’enthousiasme sur les mots qu’on déniche (sérieusement, un mot qui désigne les champignons empoisonnés et qui veut littéralement dire « tabouret à crapaud » est ce que ce n’est pas fantastique ?) tout en gardant un petit doute au fond de soi, parce que malgré tout, ça reste une langue apprise, une langue étrangère. Alors, on demande aussi de l’aide ou des conseils, on fait relire.
Et puis il y a tout le travail éditorial. En Angleterre il faut être encore plus patient qu’en France. On a commencé le travail sur le texte en avril 2020. Pendant près d’un an, sur les conseils de notre éditrice anglaise, on l’a d’abord gonflé, puis on a coupé. On l’a resserré. Peaufiné. Raboté. On a travaillé les sonorités. Lu chaque passage à voix haute. On a changé le prénom d’un personnage, défendu le nom d’un autre. Discuté du titre (longuement). Les premières esquisses de Julia sont arrivées. Puis les pages couleurs, au compte-goutte. Chaque mail ouvert fébrilement, comme un cadeau de Noël. Je crois que c’est le moment du processus éditorial que je préfère, quand le livre éclot mais qu’il n’est pas encore jeté dans le monde.
Un an avant la sortie, à l’automne 2021, le livre est finalisé et présenté à des éditeurs étrangers lors des gros salons. On suit ça à distance. On guette les bonnes nouvelles, les annonces de co-éditions.
En parallèle, en janvier 2022, on commence à travailler sur la traduction française. Nos premiers brouillons en français ne sont pas utilisables, ou alors seulement pour mesurer le chemin parcouru. On prend le texte final en anglais, et à nouveau, on le retourne, on le regarde avec des yeux différents. Mais avec une contrainte supplémentaire cette fois. Maintenant que le livre est fini, que les illustrations sont là, il faut rester fidèle au texte. Les trouvailles d’autrefois deviennent des casse-têtes (il n’y a pas d’équivalent français pour Toadstool, et champignon a un côté beaucoup trop choupi et culinaire, qu’est-ce qu’on fait ?). On passe la première version de la traduction française au peigne fin avec nos éditrices chez Gallimard. Nouveaux échanges. On discute du titre (encore). de la mise en page aussi, parce que le français est plus volumineux que l’anglais. Là encore, on réécrit, on retravaille.
On reçoit les premiers tests d’impression.
Puis aujourd’hui le tout premier exemplaire.
Encore deux mois d’attente et il sera en librairie. Presque en même temps des deux côtés de la Manche, à quelques jours d’écart.
J’ai hâte, et j’ai peur, et j’ai des papillons dans le ventre.
Et pour l’occasion, ils nous ont proposé de nous prêter au jeu d’une petite interview.
Premier souvenir de lecture, le héros ou l’héroïne de notre enfance, le livre qu’on aurait aimé écrire, souvenirs d’écriture insolites, pire défaut, et projets mystères en cours …
Je suis très fière de faire partie de cette série d’interviews en tête à tête avec plein de super auteurs et autrices de littérature jeunesse comme Jean-Claude Mourlevat, Christelle Dabos, Vincent Cuvellier, et bien d’autres, … a découvrir sur la chaîne YouTube de Gallimard Jeunesse !
Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation vient d’annoncer les 6 ouvrages nominés parmi lesquels seront sélectionnés les deux lauréats pour la 13e édition du prixLe goût des sciences, et notre livre « 10 idées reçues sur le climat » en fait partie !
Créé en 2009, le prix Le goût des sciences est un prix littéraire scientifique décerné par un jury d’experts dans deux catégories : le prix du livre scientifique adulte et le prix du livre scientifique jeunesse (destiné à un public de 9-13 ans). Son objectif : créer des ponts entre la recherche et la société, réaffirmer la place de la science au sein de la culture, démocratiser et décloisonner les savoirs afin que chacun puisse mieux comprendre le monde mais aussi valoriser le travail des chercheurs et encourager les vocations. Chaque année, ce prix distingue les meilleures publications de médiation scientifique à destination du plus grand nombre.
Les membres du jury sont chercheurs, géologues, biologistes, journalistes, auteurs scientifiques, astrophotographe, spécialistes de la médiation… Ils évaluent les livres en fonction de la justesse des données, de la créativité dans la conception des supports, de l’originalité des sujets ou des approches pédagogiques. Dans la catégorie jeunesse, les trois ouvrages retenus par le jury sont également soumis à une classe de collégiens ainsi qu’à des médiathèques partenaires qui sélectionnent ensuite le lauréat.
Il reste donc encore une dernière étape, et il faudra attendre fin juin pour connaitre le lauréat de chaque catégorie (adulte et jeunesse)… donc on croise les doigts.
Et je suis déjà super fière de voir que notre livre fait partie de cette jolie sélection :
La librairie Mollat, c’est non seulement mon passage obligé à chaque fois que je mets les pieds à Bordeaux (ce qui arrive assez souvent) mais c’est surtout LA référence, première librairie indépendante de France, une véritable institution dont les murs bleus sont reconnaissables entre tous !
Je suis donc incroyablement heureuse qu’ils consacrent à mes livres deux capsules vidéos !
Dans la première Clément Lefèvre et moi bavardons de la création de La Magicienne :
Et dans la seconde, je suis en compagnie de Charlotte-Fleur Cristofari, ma co-autrice, et de Maurèen Poignonec pour parler de nos 10 idées reçues sur le climat :
Ah et bien sûr, ma petite robe printanière s’explique par le fait que ces vidéos ont été tournées en juillet dernier.. et qu’il faisait donc CHAUD (je sais, c’est dur de se souvenir de cette sensation en plein mois de décembre).
Voilà ! Un immense merci auxlibraires de chez Mollat pour ce joli coup de projecteur, et bien sûr à notre éditrice chérie, Aude Sarrazin, et à toute l’équipe de chez Glénat qui franchement nous chouchoutent au-delà de ce qu’on aurait pu imaginer !