Mes inspirations pour Leina et le Seigneur des Amanites

Notre nouveau livre avec Nicolas Digard et Julia Sarda, « Leina et le Seigneur des Amanites », vient de sortir en librairie en France !

Je me suis dit que c’était l’occasion de dire quelques mots sur les influences et inspirations qui ont nourri l’écriture de ce conte (du moins pour ma part, car Nicolas a aussi ses propres sources).

La première, la plus évidente et la plus visible, est bien sur La Barbe Bleue. On s’est beaucoup amusés à jouer autour des motifs de ce conte : la porte interdite, le château merveilleux et terrifiant, la clef qui se tache…

Mais pour moi, il y a aussi quelque chose de Merlin l’Enchanteur dans le duel qui oppose Leina et Mister Spadefoot alias Messire Bombifron, dans le jeu et les pièges des transformations.

La dernière inspiration est sans doute plus personnelle et sommeillait dans les recoins de mon cerveau. Je l’avais d’ailleurs presque oubliée, mais j’y ai resongé récemment en parlant du livre lors d’un entretien avec les libraires chez Mollat. Il s’agit d’un passage du livre Les enchanteurs, de Romain Gary. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, il s’agit d’un moment de rêverie éveillée du narrateur lorsqu’il raconte son enfance. Ce n’est pas du tout central dans l’intrigue, mais certaines images et certains personnages, et en particulier l’étrange magicien Moukhamor, ont continué à vivre dans mon esprit longtemps après la lecture – même si je dois avouer, assez honteusement, que je me souviens assez mal du reste du livre, si bien que je suis incapable de le résumer correctement.

Un extrait du passage en question :

« La forêt de Lavroro n’était vraiment pas un endroit pour la Cour du Roi-Soleil, car y régnait le célèbre Moukhamor, magicien redoutable, vêtu de son apparence brune et tachetée de champignon, qui exigeait de la forêt humidité, ombre et fraicheur. Il me confiait en caressant sa barbe roussâtre, faite de ces petits tentacules dont sont si friands les gnomes, que l’ombre a Lavroro n’était plus ce qu’elle était autrefois et qu’elle se laissait aller à de coupables négligences dont se plaignait amèrement le peuple champignon. (…) Il est vrai que la forêt retentissait parfois de coups lointains où mon oreille de chevalier errant reconnaissait l’écho des épées innombrables, à l’aide desquelles les guerrier di Roi-Soleil taillaient des prés et des clairières, ouvrant ainsi le chemin au monarque. Lorsque, le cœur battant, j’arrivais sur les lieux, volant a la rescousse de mes amis chênes, je ne trouvais que des bucherons qui s’affairaient autour des troncs abattus. Mais je n’étais pas dupe de telles habiletés, car mon père m’avait appris que la méchanceté et la cruauté, la brutalité et l’absence de cœur prenaient souvent des apparences humaines pour tenter de passer inaperçues »
Les Enchanteurs – Romain Gary

Dans les tous premiers brouillons d’histoire, le personnage de Messire Bombirfons n’avais pas encore de nom, j’avais seulement indiqué « M » (je prend beaucoup de temps pour trouver le noms de mes personnages en règle générale, et sur ces textes en co-écriture encore plus car il faut qu’on tombe d’accord à deux, donc pour ne pas bloquer l’écriture, j’utiliser parfois une lettre en nom provisoire quand je ne veux pas faire ces recherches tout de suite).

Il y a aussi certainement un petit quelque chose d’Alice aux pays des merveilles – même si cette impression viens à mon avis surtout du dessin de Julia et de la scèn du diner chez Messire Bombifrons, une touche de Miyazaki, et sans doute plein d’autres choses dont je ne suis qu’à moitié consciente.

J’espère en tout cas que cette étrange histoire de Crapaud et de château ensorcelé, de porte interdite et de forêt mystérieuse saura trouver son public aussi bien que Le Talisman du Loup !

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